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Élaborer des activités d’apprentissage

Mis en ligne le 8 août 2023

 

Cliquez ici pour visionner l’atelier donné en lien avec cette thématique.

La première image qui vient souvent à l’esprit lorsqu’on pense à un cours universitaire, ce sont des étudiant·e·s, assis·es en rangées dans une classe, prenant des notes pendant qu’un·e enseignant·e à l’avant leur fait un exposé magistral.

Un cours magistral

Si cette approche passive (du moins point de vue des étudiant·e·s) n’est pas mauvaise en soi, elle gagne assurément à être combinée à une approche plus active. Les sections qui suivent exposent pourquoi il est important de proposer des activités pédagogiques mettant en action les étudiant·e·s, et comment en élaborer.

Pourquoi adopter une approche active?

Les étudiant·e·s qui suivent un cours dont l’approche est entièrement passive ont en moyenne des résultats 6% plus faibles, et une fois et demi plus de chances d’échouer que les étudiant·e·s qui suivent un cours intégrant des activités pédagogiques les mettant en action (Freeman, S. et al., 2014).

Tenir compte de la diversité des apprenant·e·s

Adopter une approche active permet d’aller au-delà de l’exposé magistral et de la lecture, et donc, de diversifier les activités d’apprentissage. Or, les étudiant·e·s ont des profils et des parcours variés, pour ne pas dire uniques. Chacun·e a ses intérêts, ses motivations, ses forces, ses défis, ses habitudes, son bagage de connaissances, ses compétences, etc. En proposant des activités variées, on maximise donc les probabilités de favoriser :

  • l’engagement de chacun·e, en rencontrant ses intérêts spécifiques;

  • la compréhension de chacun·e, en offrant des représentations qui lui sont facilement accessibles;

  • et la performance de chacun·e, en fournissant des moyens d’action et d’expression qui sollicitent ses forces.

Cette diversification des activités pédagogiques est d’ailleurs l’un des éléments clés de la pédagogie inclusive (CAST, 2018).

Activer les neurones

Apprendre, c’est créer de nouvelles connexions neuronales dans notre cerveau. Pour que ces connexions se créent, les neurones spécifiques à l’apprentissage visé doivent s’activer. Et pour qu’ils s’activent, notre attention doit être portée sur l’objet de l’apprentissage. Or, comme le mentionne Masson (2020 : 35) : « Certaines approches d’apprentissage sont associées à une probabilité plus élevée d’être inattentif, de penser à autre chose, ou de ne plus être capable de suivre ». L’exposé magistral et la lecture entrent dans cette catégorie. Les activités pédagogiques mettant en action les étudiant·e·s sont donc plus efficaces pour soutenir l’attention, activer les neurones et ainsi permettre l’apprentissage.

Par ailleurs, des activités pédagogiques diversifiées créent de multiples connexions neuronales reliant le nouvel apprentissage aux savoirs existants. Plus ces connexions sont nombreuses, plus l’accès à ce nouvel apprentissage est facile.

Offrir de la rétroaction

Les activités pédagogiques qui mettent en action l’étudiant·e impliquent une production de sa part : réponse, solution, texte, code, présentation, etc. De la rétroaction sur cette production peut ainsi être donnée à l’étudiant·e. Cette rétroaction lui permet :

  • d’être valorisé·e pour ses apprentissages, ce qui augmente sa motivation;

  • de corriger une conception erronée;

  • d’identifier les lacunes dans ses apprentissages;

  • de réduire son stress lié aux évaluations, ayant déjà pu tester ses compétences au regard des objectifs du cours.

Cela permet aussi à la personne qui enseigne de mesurer les progrès des étudiant·e·s et d’ajuster son enseignement au besoin (ex. revenir sur une notion moins bien comprise).

Crisp et Bonk (2018), ont identifié six caractéristiques maximisant l’utilité de la rétroaction dans un cours. D’après leurs constats, une rétroaction efficace est :

  • donnée le plus rapidement possible après les activités;

  • fréquente;

  • distribuée dans le temps;

  • détaillée;

  • personnalisée;

  • crédible.

Permettre les interactions

Un autre avantage d’une approche active est que celle-ci permet de mettre les étudiant·e·s en interaction, par exemple dans des activités impliquant de comparer leurs idées ou de collaborer. De nombreuses études ont en effet mis en lumière les bénéfices que les interactions sociales apportaient à l’apprentissage (Bourgeois et Nizet, 2005 : 155-200). Les interactions amènent notamment les étudiant·e·s à être exposé·e·s à des idées ou façons de faire nouvelles ou différentes des leurs, et à les questionner. Elles les amènent également à expliquer ou justifier leurs propres idées. Dans un contexte approprié, ces conflits cognitifs ou controverses, et l’activité menée pour les résoudre, contribuent à approfondir les apprentissages.

À noter cependant que les travaux d’équipe ne vont pas de soi. Il importe de bien les planifier et encadrer pour assurer leur bon déroulement. On peut notamment justifier le choix du travail d’équipe sur le plan pédagogique, établir clairement l’objectif collectif à atteindre, proposer des méthodes de travail, attribuer des rôles précis aux membres de l’équipe, leur faire signer un contrat d’engagement (voir cet exemple proposé par le Centre de pédagogie de l’Université de Montréal) et leur permettre d’évaluer leur travail.

Quand proposer des activités pédagogiques?

La présentation de nouveaux contenus passe souvent par des méthodes d’enseignement plus passives, comme l’exposé magistral et la lecture. Cela dit, les moments qui précèdent et qui suivent la présentation de nouveaux contenus constituent d’excellentes opportunités de proposer des activités, de même que le temps entre les séances de cours.

Avant la présentation d’un nouveau contenu

Proposer une activité avant la présentation d’un nouveau contenu permet d’activer les connaissances antérieures des étudiant·e·s, c’est-à-dire que cela leur permet de se remémorer les notions préalables à l’apprentissage du nouveau contenu. Les étudiant·e·s peuvent ainsi rattacher plus aisément le nouveau contenu à leurs connaissances existantes, ce qui en facilite grandement la compréhension et l’assimilation.

Les activités d’amorce peuvent également être conçues de telle façon à susciter la curiosité des étudiant·e·s et par le fait même, orienter leur attention vers le contenu à apprendre.

Par exemple, on peut exposer une mise en situation, puis poser des questions sur celle-ci; certaines faisant appel aux connaissances antérieures des étudiant·e·s, d’autres les amenant à s’interroger et à chercher la réponse dans le nouveau contenu qui leur sera présenté.

Après la présentation d’un nouveau contenu

Un nouvel apprentissage comporte parfois des lacunes ou des erreurs, et surtout, il s’oublie très vite. Il est donc important de le consolider rapidement. Pour ce faire, on peut proposer une activité synthèse après la présentation d’un nouveau contenu. Par exemple, on peut demander aux étudiant·e·s de classer les concepts appris dans des catégories préalablement définies, ou encore de présenter ceux-ci dans une carte conceptuelle établissant les liens entre eux.

Souvent

Comme expliqué précédemment, un nouvel apprentissage se traduit par la création de nouvelles connexions neuronales. Or, ces connexions s’estompent rapidement si elles ne sont pas réactivées par la révision de l’information apprise. La courbe de l’oubli illustre bien ce principe :

Courbe de l’oubli. Image : Adrien Moyaux, Wikipédia

Pour être efficace, une activité de révision doit impliquer que l’apprenant·e fasse l’effort de récupérer en mémoire l’information apprise. Relire des notes n’implique pas cet effort. Au contraire, répondre à un questionnaire sans recourir aux notes, par exemple, atteint le but recherché. Il s’agit donc d’une activité pertinente à proposer aux étudiant·e·s, que ce soit en classe ou entre les cours.

Par ailleurs, une seule séance de révision très longue est moins efficace que plusieurs séances courtes et espacées dans le temps. L’idéal est de ne pas réviser deux fois la même chose la même journée. Au départ, on peut réviser à intervalle d’une journée, puis espacer davantage les séances de révision à mesure que l’apprentissage est intégré. En effet, si la révision devient trop facile, elle n’exige plus l’effort nécessaire pour réactiver les connexions neuronales. Il est donc à propos de multiplier les occasions de révision des étudiant·e·s en leur proposant des activités brèves réparties tout au long de la session.

Le saviez-vous? Lors du sommeil, les neurones qui ont été activés pendant la journée se réactivent, contribuant à renforcer les connexions liées aux apprentissages.

Quoi considérer dans l’élaboration d’une activité pédagogique?

Les objectifs d’apprentissage

Il va sans dire qu’une activité pédagogique doit cibler les apprentissages visés dans le cours. Non seulement doit-elle porter sur la matière vue dans le cours, mais également contribuer au développement de la compétence attendue en lien avec cette matière. Il est donc essentiel de bien identifier les objectifs du cours avant d'élaborer des activités pédagogiques. En se basant sur la taxonomie des objectifs d’apprentissage de Bloom (telle que révisée par Anderson et Krathwohl, 2001), on pourra déterminer si les activités doivent viser la mémorisation, la compréhension, l’application, l’analyse, l’évaluation ou la création.

Par exemple, des exercices de résolution de problèmes conviendraient bien si l’objectif est que les étudiant·e·s soient capables de sélectionner et d’appliquer des formules mathématiques. À l’inverse, un questionnaire qui demanderait aux étudiant·e·s de retranscrire les formules n’impliquerait que leur capacité de mémorisation et ne serait donc pas adéquat.

En plus de devoir être cohérentes avec les objectifs du cours, les activités pédagogiques doivent également être cohérentes avec les activités d’évaluation. Il est effectivement souhaitable que le même genre d’activités soit proposé aux étudiant·e·s avant les évaluations et dans les évaluations. À moins que le transfert d’apprentissages dans un nouveau contexte ne fasse partie des objectifs, il faut en effet considérer qu’un tel transfert, bien qu’il puisse sembler évident à la personne experte, n’est pas chose aisée pour la personne novice.

Le contexte

Deux principaux éléments de contexte sont à considérer lors de l’élaboration d’activités pédagogiques : la modalité d’enseignement (en présence ou à distance, en mode synchrone ou asynchrone) et la taille du groupe. En effet, certains contextes sont plus propices que d’autres à la réalisation de certaines activités, bien qu’il soit possible d’adapter la plupart des activités à n’importe quel contexte, pourvu qu’on y consacre les efforts nécessaires.

Ainsi, il est souvent plus simple en présence qu’à distance de proposer des activités qui impliquent de manipuler des équipements (comme des expériences de laboratoire). Hors classe (que ce soit entre deux cours en présence, ou dans un cours à distance), on peut envisager des activités qui demandent plus de temps que ce qu’on peut consacrer en classe (comme faire une recension des écrits sur un sujet), ou un environnement différent de la classe (comme l’enregistrement d’une entrevue).

De même, dans un groupe de grande taille, on évitera généralement les activités impliquant un investissement important de la personne enseignante pour fournir une rétroaction individualisée (comme les travaux de rédaction). On privilégiera plutôt les activités dont la rétroaction est automatisée (comme les tests sur Moodle) ou pouvant être faite en grand groupe.

La planification

Pour qu’une activité pédagogique soit un succès, il est nécessaire qu’elle soit bien planifiée. On doit notamment prévoir :

  • la durée de l’activité et de chacune de ses étapes, incluant d'éventuelles périodes de transition;

  • le matériel requis;

  • les outils numériques qui seront utilisés;

  • les consignes à transmettre aux étudiant·e·s;

  • la manière dont seront formées les équipes, s’il y a lieu;

  • et la façon dont sera donnée la rétroaction.

En ce qui concerne la durée de l’activité, rappelons qu’un cours universitaire de 3 crédits correspond à 9h de travail hebdomadaire, incluant le temps passé en classe.

Le Service de pédagogie universitaire et de formation à distance (SPUFAD) de l’UQAT peut vous accompagner dans l’élaboration de vos activités d’apprentissage.

Exemples d’activités pédagogiques

Les paragraphes suivants présentent succinctement quelques activités pédagogiques courantes, mais il en existe une foule d’autres, pouvant se décliner de différentes manières. Il ne faut pas hésiter à adapter les activités selon le contexte et les objectifs.

Questionnaire

Qu’il se déroule en ligne, à l’aide de télévoteurs ou sur papier, le questionnaire est un excellent moyen de faire réviser la matière devant être mémorisée. Les questions peuvent prendre plusieurs formes : vrai ou faux, choix de réponse, réponse courte ou à développement, appariement d’énoncés ou d’images, ordonnancement d'énoncés, cartes mémoire, etc.

Exercices

Les exercices consistent à mettre en pratique des compétences apprises dans le cours : appliquer des formules mathématiques, faire des arbres syntaxiques, rédiger du code informatique, faire des états financiers, etc.

Résolution de problème

La résolution de problème implique d’exposer une situation demandant une solution. À partir des informations présentées, les étudiant·e·s doivent identifier les données pertinentes, sélectionner la meilleure méthode pour aboutir à la solution, et l’appliquer. C’est donc une activité qui combine analyse et application.

Mise en situation ou étude de cas

Particulièrement utilisées dans les programmes professionnalisants, les mises en situation et les études de cas permettent aux étudiant·e·s d’analyser des situations (fictives ou réelles, selon le cas) susceptibles d’être rencontrées dans leur future pratique, au regard des concepts appris dans le cours.

Un-deux-tous

La formule un-deux-tous peut être appliquée à différentes activités pédagogiques. Elle consiste à faire réaliser l’activité individuellement d’abord, puis à inviter les étudiant·e·s à comparer leurs réponses avec un·e autre, en expliquant leurs choix. Un retour est ensuite fait en grand groupe. En faisant non seulement l’effort de produire une réponse, mais aussi une explication à leur réponse, les étudiant·e·s établissent des relations entre les informations récupérées en mémoire, ce qui renforce encore davantage les apprentissages. Le retour en grand groupe fournit quant à lui la rétroaction permettant de valider les réponses.

Catégorisation

Catégoriser les concepts appris dans un cours constitue une façon simple et rapide de proposer une activité de synthèse aux étudiant·e·s. Les catégories peuvent être présentées sous forme de tableau ou autrement. Une liste de concepts à catégoriser peut être fournie ou on peut laisser le soin aux étudiant·e·s de lister les concepts.

Carte conceptuelle

La carte conceptuelle est aussi une bonne activité de synthèse. Elle implique d’établir des relations entre les concepts appris dans un cours. Pour familiariser les étudiant·e·s avec cette méthode, on recommande généralement de commencer en leur faisant compléter une carte déjà ébauchée. Pour en apprendre davantage, il est possible de visionner l’atelier donné à ce sujet en 2021.

Formulation de questions

Demander aux étudiant·e·s de formuler des questions qui pourraient se retrouver à l’examen les amène à réviser la matière en gardant en tête les objectifs d’apprentissage.

Billet de sortie

À la fin d’une séance de cours ou d’un module, on peut demander aux étudiant·e·s de noter certaines informations dans un document qui sera remis à la personne enseignante, comme une question qui subsiste dans leur esprit à propos de la matière vue dans le cours, la définition d’un concept important, la liste des concepts importants, etc. Cela permet aux étudiant·e·s de consolider leurs apprentissages, et donne à la personne enseignante des indications sur ce qui a été moins bien compris afin de revenir sur cette portion de matière.

Et plus encore!

Pour trouver encore plus d’inspiration, on peut consulter les vignettes détaillées développées par Polytechnique Montréal, et présentant pas moins d’une centaine d’activités pédagogiques.

Références

Anderson, L. W. et Krathwohl, D. R. (2001). A Taxonomy for Learning, Teaching, and Assessing: A Revision of Bloom's Taxonomy of Educational Objectives. Longman.

Bourgeois, E. et Nizet, J. (2005). Apprentissage et formation des adultes (3e édition). Presses Universitaires de France.

CAST (2018). Universal Design for Learning Guidelines version 2.2. http://udlguidelines.cast.org

Crisp, E. A. et Bonk, C. J. (2018). Defining the learner feedback experience. TechTrends, 62(6), 585-593. https://doi.org/10.1007/s11528-018-0264-y

Freeman, S. et al. (2014). Active learning increases student performance in science, engineering, and mathematics. PNAS, 111(23), 8410-8415. https://doi.org/10.1073/pnas.1319030111

Masson, S. (2020). Activer ses neurones pour mieux apprendre et enseigner. Odile Jacob.
*voir aussi sa chaîne YouTube

Rédigé par Caroline Sigouin

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