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Intégrité intellectuelle, plagiat et tricherie

Publié le 29 mai 2024

Les personnes enseignantes sont appelées à jouer un rôle central dans la promotion de l’intégrité intellectuelle et dans la prévention de la tricherie, incluant le plagiat. En effet, elles sont souvent les mieux placées pour mettre en place des mesures préventives et pour dénoncer une infraction. Qui plus est, elles ont le mandat d’évaluer les apprentissages des personnes étudiantes dans leurs cours. Or, cette évaluation n’est valide et équitable que dans la mesure où les activités évaluées ont été réalisées de façon intègre. De manière plus générale, l’intégrité intellectuelle est l’affaire de toute la communauté universitaire, puisque la valeur et la crédibilité des travaux qui y sont menés en dépendent (ICAI, 2021 : 4). Le présent article vise à outiller les personnes enseignantes dans leur rôle de passeuses d’intégrité intellectuelle (terme notamment employé par Bergadaà et Peters, 2021).

Mais qu’est-ce que l’intégrité? Le International Center for Academic Integrity (2021) définit l’intégrité comme un engagement envers six valeurs fondamentales : l’honnêteté, la confiance, l’équité, le respect, la responsabilité et le courage. Ces valeurs se traduisent par des comportements comme : être sincère et authentique, donner le crédit qui leur revient aux auteur·rice·s, faire preuve d’objectivité en considérant tous les points de vue, accorder de la crédibilité aux autres, énoncer clairement ses attentes, appliquer les règles de manière cohérente, fournir des preuves factuelles, agir de manière exemplaire, dénoncer les mauvais comportements et défendre l’intégrité, même quand c’est difficile, etc.

Prévenir

Miser sur l’éducation et la sensibilisation

Expliquer clairement aux personnes étudiantes pourquoi l’intégrité intellectuelle est importante, ce qui constitue du plagiat ou de la tricherie, et les conséquences en cas d’infraction est une première étape primordiale dans la prévention du plagiat. En effet, de nombreuses infractions sont commises de manière involontaire par des personnes ayant une méconnaissance de ce qu’est le plagiat. Par exemple, plusieurs pensent à tort qu’il n’est pas nécessaire d’indiquer la référence d’un texte paraphrasé, qu’on peut reprendre un travail qu’on a déjà remis dans un autre cours sans l’indiquer ou qu’on peut faire en équipe un travail individuel pourvu qu’on remette des copies distinctes. Par ailleurs, si le plagiat est normalisé ou perçu comme à faible risque, les personnes étudiantes sont plus portées à y recourir. Il est donc pertinent d’aborder sérieusement ces questions avec son groupe dès le début de la session, en plus d’expliciter ses attentes dans le plan de cours et dans les consignes des évaluations. De plus, dans cette optique de sensibilisation, on a tout intérêt à être soi-même un modèle d’intégrité intellectuelle, en citant adéquatement ses sources et en utilisant des images libres de droits dans ses présentations, par exemple.

Préparer les personnes étudiantes aux évaluations

Souvent, les personnes étudiantes vont plagier ou tricher lorsqu’elles craignent de ne pas être en mesure de réussir (ou pas assez bien) une évaluation (Audet, 2011). Les personnes enseignantes peuvent modérer cette crainte de diverses façons :

  • Proposer des évaluations alignées avec les objectifs du cours, les contenus et les activités d’apprentissage;

  • Éviter d’octroyer une pondération trop importante à une évaluation, quitte à scinder un travail long en étapes plus petites;

  • Donner des consignes claires et détaillées;

  • Expliciter les critères d’évaluation, au besoin au moyen d’une grille;

  • Donner l’occasion aux personnes étudiantes de s’exercer et leur fournir de la rétroaction avant les évaluations;

  • Donner suffisamment de temps pour la réalisation des évaluations;

  • Suggérer des stratégies de révision ou d’organisation du travail efficaces, ou encore référer les personnes étudiantes au Bureau d’aide à la réussite;

  • Se concerter en équipe-programme pour éviter que toutes les évaluations aient lieu la même semaine;

  • Etc.

Réduire les opportunités de plagiat et de tricherie

La facilité de plagier ou de tricher est un autre facteur favorisant la malhonnêteté intellectuelle. Ainsi, il convient de réduire autant que possible les opportunités de plagiat et de tricherie. Pour ce faire, on peut, par exemple :

  • proposer des examens en classe sous surveillance;

  • varier l’ordre des questions d’examen d’une copie à l’autre;

  • miser sur des questions d’examen à réponse courte ou à développement plutôt que sur des « vrai ou faux » ou sur des questions à choix de réponse;

  • proposer des examens oraux;

  • si une évaluation se déroule en laboratoire informatique, utiliser Insight (un logiciel de surveillance et de blocage d’applications ou d’URL), et demander au Service des technologies de l’information de programmer des sessions d’ordinateur sans accès aux répertoires partagés;

  • éviter de réutiliser les mêmes évaluations d’une session à l’autre;

  • interroger oralement les personnes étudiantes sur leurs travaux réalisés hors classe;

  • demander aux personnes étudiantes de documenter leur démarche ou de faire une analyse critique réflexive sur leur travail;

  • proposer des travaux en équipes imposées;

  • varier les modalités d’évaluation;

  • proposer des évaluations contextualisées et authentiques;

  • vérifier que les évaluations ne peuvent être réalisées par un outil d’intelligence artificielle comme ChatGPT ou Copilot (consulter cet article pour un savoir plus).

Selon le Règlement 12 de l’UQAT, « [u]tiliser totalement ou en partie un texte ou une production d’autrui ou tout matériel dont le contenu a été obtenu par le biais de ressources informatiques (incluant les outils d’intelligence artificielle comme ChatGPT), en le faisant passer pour sien, entre autres en n’indiquant pas les références » constitue du plagiat. Du reste, il revient aux personnes enseignantes de baliser plus précisément comment l’intelligence artificielle peut être utilisée (ou pas) dans leurs cours et dans leurs évaluations, en l’indiquant dans le plan de cours et dans les consignes des évaluations.

Outiller les personnes étudiantes

Plusieurs ressources de l’UQAT favorisent le développement de bonnes pratiques en matière d’intégrité intellectuelle chez les personnes étudiantes. Il existe notamment :

Les personnes enseignantes peuvent faire la promotion de ces ressources auprès de leurs groupes.

Le Service de pédagogie universitaire et de formation à distance (SPUFAD) de l’UQAT peut vous accompagner dans l’élaboration de mesures préventives et de stratégies d’intervention en matière d’intégrité intellectuelle.

Intervenir

Si une personne enseignante soupçonne un cas de tricherie ou de plagiat, elle doit intervenir.

Étayer ses soupçons

La première étape consiste à colliger les informations incriminantes. Il peut s’agir, par exemple :

  • d’une copie du travail en cause avec les éléments pertinents mis en évidence et annotés (indices de copier-coller dans la mise en forme, passages copiés sans référence, informations qui n’ont pas été vues dans le cours et qui ne se retrouvent pas dans les références, etc.);

  • des sources qui auraient été utilisées, mais non correctement citées, dans le travail en cause;

  • de copies de travaux antérieurs de la personne étudiante montrant une grande disparité avec le travail en cause, ce qui indiquerait qu’elle n’est pas l’autrice de ce dernier;

  • d’un extrait de rapport Moodle suggérant que deux personnes étudiantes ont fait un travail individuel ensemble (connexions simultanées, même adresse IP, etc.);

  • d’un extrait du plan de cours ou des consignes du travail présentant les modalités qui n’ont pas été respectées.

Il peut également être pertinent de rencontrer la personne étudiante pour la questionner sur son travail. Si ses réponses corroborent le soupçon (aveu, incapacité à expliquer sa démarche ou à démontrer sa compréhension du travail, etc.), un compte-rendu de cette rencontre peut être ajouté aux informations incriminantes colligées.

Si la rencontre avec la personne étudiante ne corrobore pas le soupçon, elle constitue tout de même une occasion de sensibiliser cette personne à l’intégrité intellectuelle.

Dénoncer

Lorsqu’une personne enseignante a des motifs raisonnables de croire qu’une personne a plagié ou triché, il est de son devoir de faire une dénonciation dans les 15 jours suivant la connaissance de l’infraction suspectée. La démarche et le formulaire nécessaire à cet effet sont présentés sur cette page du Décanat aux études. Ce formulaire, accompagné des pièces justificatives présentant les informations incriminantes, doit être envoyé de façon sécurisée à la direction du département et, en copie conforme, au Décanat aux études.

Dans la plupart des cas, la dénonciation sera évaluée par le comité départemental de discipline, constitué de la personne assurant la direction du département et de la personne doyenne aux études. Le comité départemental de discipline offrira à la personne étudiante concernée de donner sa version des faits. Il est à noter que celle-ci recevra une copie de la dénonciation et des pièces justificatives.

Si le comité départemental de discipline juge la dénonciation recevable et conclut qu’il y a bien eu plagiat ou tricherie, il imposera une sanction en fonction de la gravité de l’infraction, du fait qu’il s’agisse ou non d’une récidive, et de ce qui est réaliste dans le cadre du cours. Les sanctions possibles comprennent notamment la réprimande, l’imposition d’une formation en lien avec l’infraction commise, la reprise du travail ou d’une partie du travail sur lequel porte l’infraction, accompagnée ou non d’une limite quant à la note pouvant être attribuée pour ce travail, et l’attribution de la note zéro pour la partie en cause du travail ou pour l’ensemble de celui-ci. Dans les cas très graves, les sanctions peuvent aller jusqu’à l’échec du cours, la suspension du programme ou même l’exclusion de l’UQAT. La décision du comité sera communiquée aux personnes concernées et consignée dans le registre des sanctions (lequel n’est pas public).

Pourquoi faire une dénonciation plutôt que d’imposer soi-même une sanction?

  • Le Règlement 12 sur le plagiat ou la fraude l’oblige;

  • La procédure suivant la dénonciation assure le respect des droits des personnes étudiantes;

  • Une dénonciation officielle permet d’ajouter l’infraction au registre des sanctions et ainsi détecter les récidives;

  • Les sanctions imposées en vertu du Règlement 12 visent généralement à éduquer la personne étudiante en matière d’intégrité intellectuelle, pas seulement à la punir.

Références

Audet, L. (2011). Les pratiques et défis de l’évaluation en ligne. Document préparé pour le Réseau d’enseignement francophone à distance du Canada (REFAD). https://archives.refad.ca/evaluation_en_ligne.pdf

Bergadaà, M. et Peters, M. (2021). Chapitre 23. Le professeur : un passeur d’intégrité lors de la réalisation d’un mémoire. Dans M. Bergadaà et P. Peixoto, L’urgence de l’intégrité académique (p. 397‑413). EMS Editions. https://doi.org/10.3917/ems.berga.2021.01.0397

International Center for Academic Integrity [ICAI]. (2021). The Fundamental Values of Academic Integrity (3e éd.). www.academicintegrity.org/the-fundamental-valuesof- academic-integrity

Licence CC BY-NC-SA

Pour citer cet article : Service de pédagogie universitaire et de formation à distance de l’UQAT (2024). Intégrité intellectuelle, plagiat et tricherie. Article du site Enseigner à l’UQAT. https://enseigner.uqat.ca

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