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Je me fixe des objectifs de changements dans mon enseignement

Cette étape consiste à élaborer un plan personnel de développement des compétences identifiées préalablement. Nous proposons la démarche suivante pour vous soutenir et vous orienter dans les diverses étapes de changement de pratique pédagogique.

Il est plus que souhaitable que les personnes enseignantes réfléchissent à la complémentarité des relations éducatives possibles entre le milieu autochtone et le milieu universitaire. Cependant, il n’est pas évident de modifier son enseignement, surtout quand celui-ci est eurocentré par la force des choses (tout le système classique d’éducation québécois est construit selon ce modèle : les corpus, les horaires et calendriers, les philosophies pédagogiques, …). Cela ne nous empêche pas de nous engager et d’améliorer notre enseignement, un pas à la fois.

Valoriser les cultures autochtones … comment?

Vouloir décoloniser ou autochtoniser son enseignement est un projet louable, mais qui ne se fait pas en un claquement de doigt! Comme il fut mentionné, avant de chercher à instaurer de nouvelles pratiques pédagogiques, il est indispensable d’approfondir nos connaissances sur les réalités, enjeux et savoirs autochtones. De plus, il est préférable de favoriser une meilleure compréhension mutuelle et une réciprocité des relations entre Autochtones et non-Autochtones.

Pour construire sa compétence informationnelle, on peut tout d’abord chercher à rétablir les faits sur les peuples autochtones. Selon Lachapelle, il « faut reconnaitre la méconnaissance dont nous faisons preuve à leur égard en tant que société, et par conséquent dans les [institutions d’enseignement supérieur]». (Lachapelle, 2019)

Mais comment y arriver concrètement? Le Protocole sur l’éducation des Autochtones pour les collèges et instituts propose 7 pistes d’action :

  1. s’engager à faire de l’éducation des Autochtones une priorité;

  1. voir à ce que les structures de gouvernance reconnaissent les peuples autochtones et les respectent;

  1. utiliser les traditions intellectuelles et culturelles autochtones dans la mise en œuvre des programmes d'études et des méthodes d’apprentissage adaptés aux apprenants et à leur communauté;

  1. apporter un soutien aux étudiants et aux employés afin qu’il existe une meilleure compréhension mutuelle et une plus grande réciprocité des relations entre les

Autochtones et les non-Autochtones;

  1. s’engager à augmenter le nombre d'employés autochtones par des nominations à durée indéterminée dans les diverses catégories d’emplois de l’établissement, y compris celle des cadres supérieurs;

  1. établir des services et un milieu d’apprentissage holistiques centrés sur les apprenants autochtones pour garantir leur réussite;

  1. nouer des relations avec les communautés autochtones et d’assumer la responsabilité du soutien à leur autodétermination par l’éducation, la formation et la recherche appliquée.

Pour sa part, le regroupement Universités Canada, qui représente 97 universités, propose quant à lui 13 principes :

1. Assurer l’engagement des établissements, à tous les échelons, à ouvrir des perspectives d’avenir pour les étudiants autochtones.

2. Adopter une démarche axée sur l’étudiant : mettre l’accent sur les apprenants, les résultats et la capacité d’apprentissage, tout en créant des possibilités qui favorisent la réussite des étudiants.

3. Reconnaître l’importance d’offrir une formation respectueuse des cultures autochtones et inclusive, grâce à des programmes d’études, des programmes de soutien, des séances d’orientation et des méthodes pédagogiques adaptés aux cultures.

4. Reconnaître l’importance du leadership en matière d’éducation des Autochtones par la représentation au niveau de la gouvernance et parmi le corps professoral et le personnel professionnel et administratif.

5. Continuer à créer des milieux d’apprentissage accueillants et respectueux sur les campus grâce à des programmes d’études, des services, des mécanismes de soutien et des espaces consacrés aux étudiants autochtones.

6. Continuer d’offrir des ressources, des espaces et des méthodes qui favorisent le dialogue entre étudiants autochtones et étudiants non autochtones.

7. Continuer de favoriser l’accessibilité des milieux d’apprentissage hors campus.

8. Reconnaître l’importance de promouvoir des partenariats entre le milieu de l’éducation et les collectivités autochtones locales, et maintenir un processus de collaboration et de consultation concernant les besoins propres aux étudiants autochtones.

9. Tirer parti des expériences fructueuses et des initiatives déjà en place au sein des universités à l’échelle du pays afin de mettre en commun des pratiques prometteuses et d’en tirer des leçons, tout en reconnaissant les différences entre la mission des provinces et territoires et celle des établissements.

10. Reconnaître l’importance de la communication au sein d’un établissement, et informer les étudiants autochtones actuels et potentiels de l’éventail de services, de programmes et de mesures de soutien qui leur sont offerts sur le campus.

11. Reconnaître l’importance pour les étudiants non autochtones d’acquérir des connaissances sur la réalité, l’histoire, les cultures et les croyances des Autochtones du Canada et d’y être exposés.

12. Reconnaître l’importance de favoriser l’engagement interculturel entre les étudiants, les professeurs et le personnel, autochtones et non autochtones.

13. Reconnaître le rôle que jouent les établissements dans la création d’un environnement de soutien qui permet d’offrir aux jeunes Autochtones une expérience réussie et de haute qualité au primaire et au secondaire.

Si d’autres établissements universitaires mettent aussi en place des plans d’action pour soutenir la formation autochtone et pour outiller la communauté allochtone, dans le but de créer des échanges harmonieux et significatifs, une visée commune est partagée. Il s’agit d’introduire les perspectives autochtones traditionnelles et contemporaines dans les programmes d’études, et l’UQAT se démarque sur la question, en tenant à ce que toute sa communauté étudiante ait complété un cours en Études et perspectives autochtones dans les corpus de premier cycle, entre autres.

Pour arriver à faire une place aux enjeux et aux réalités autochtones dans les cours, il faut accepter de sortir de sa zone de confort et de revisiter les contenus de cours et la pédagogie globale. En effet, sortir de sa zone de confort est un premier pas essentiel pour instaurer du changement. Avoir une réflexion empathique, se mettre à la place de l’Autre, chercher à répondre aux besoins pédagogiques des autres comme aux nôtres n’est pas un contrat facile. Il est normal d’éprouver, malgré toute notre bonne volonté, une certaine résistance face aux changements de nos pratiques. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette première réaction, dont :

  • la crainte de ne pas être à la hauteur (manque de connaissances ou de compétences);

  • avoir une vision erronée du projet (parfois à cause d’une mauvaise expérience passée);

  • entretenir des incertitudes face à l’avenir (appréhension liées au déroulement futur).

(Sagal, 2022)

En consultant la documentation de l’UQAT, en participant aux formations offertes et en consultant, au besoin, les membres de l’Espace de concertation, du Service Premiers Peuples, du service Mamawi Mikimodan et même les membres du SPUFAD, vous pourrez vous outiller pour dépasser ce premier obstacle.

Des efforts qui porteront fruit 

Nous croyons sincèrement que des changements positifs dans l’enseignement, même s’ils sont modestes dans un premier temps (ajouter la reconnaissance territoriale en début de plan de cours, par exemple), vont permettre de réaliser un contexte pédagogique propice à la réussite éducative des étudiants et des étudiantes. La réussite éducative n’est pas la réussite scolaire. Cette dernière concerne les notes et réalisations des étudiants et des étudiantes, alors que la réussite éducative concerne aussi la réussite en tant qu’individu. En bref, on pourrait expliquer la réussite éducative selon une division en 4 axes : l’estime de soi et la confiance en soi, la capacité à vivre en société, la capacité à s’intégrer scolairement et professionnellement, et la réussite d’une mise en œuvre d’un projet selon ses propres ressources (Bourgeois, 2010). Autrement dit, si les personnes étudiantes s'épanouissent dans leur environnement universitaire, elles réussiront aussi leur projet d’études et leur projet de vie. La considération des contenus, enjeux et savoirs autochtones ne peuvent que consolider cette réussite.

Objectifs personnels de changements de pratiques pédagogiques : la démarche

Maintenant que nous avons mis la table en exposant brièvement certains concepts-clés (revoir au besoin la sous-section Je poursuis ma réflexion sur l’enseignement et les Autochtones), voici la démarche qui est proposée pour arriver à concrétiser ces changements de pratiques. Elle est constituée de trois étapes qui forment un cycle : à la fin de la dernière étape, on revient à la première. 

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1. État de ma situation actuelle

Avant de penser à apporter des changements à nos pratiques, nous devons d’abord identifier quelles sont ces pratiques. Il est ici conseillé de prendre un temps d’arrêt et de réfléchir aux opportunités d’amélioration pédagogique en lien avec les perspectives et approches autochtones. Voici quelques questions pour démarrer la réflexion.

  • Est-ce que mes cours comportent du contenu en lien avec les perspectives autochtones?

  • Si la réponse est non, quelles seraient les possibilités d’en intégrer dans mon cours?

  • Si oui, ce contenu est-il exempt de biais ou de préjugés? Comment m’en assurer?

  • Est-ce que mes approches pédagogiques sont culturellement pertinentes?

  • Comment le sont-elles? Pourraient-elles l’être davantage?

Cette première étape est cruciale. Elle permet de tracer une ligne entre ce que l’on sait, ce que l’on croyait savoir et ce que l’on désire apprendre. Pour cela, il faut être prêt et prête à revoir certains fondements tant de notre histoire, de notre éducation que de notre formation.

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Nous parlions précédemment de l’importance de rétablir les faits sur les peuples autochtones. Cette action peut être exigeante, car, par elle, nous allons pointer les failles dans notre propre formation. Cela dit, pour être un véritable agent de changement, il est primordial de se questionner sur nos habitudes et nos pratiques pédagogiques, puis sur les biais que nous entretenons (de façon consciente ou non). Anne Whitelaw, la vice-rectrice exécutive aux affaires académiques de Concordia, rappelle que ce « travail nécessite aussi que les membres du corps professoral développent leur sens critique, abandonnent leur position privilégiée et s’interrogent sur leur positionnement et les pouvoirs sur lesquels sont fondés les programmes d’études et les pratiques pédagogiques. » (Whitelaw, 2020) De ce fait, être un agent de changement permettra d’emprunter le sentier de la décolonisation et de l’autochtonisation de l’enseignement supérieur.

2. Je me fixe des objectifs, des moyens et un échéancier

Maintenant que vous avez identifié certaines zones d’amélioration potentielles de vos pratiques, nous vous invitons à vous fixer des objectifs, des moyens et un échéancier réalistes de changement de pratique. Il ne faut pas tenter de tout modifier d’un coup. Y aller par petits pas, s’autoriser des erreurs et des recommencements, ouvrir son esprit et permettre une réelle collaboration avec des acteurs et des actrices du milieu autochtone sont autant de pistes proposées pour vous fixer un plan de travail réaliste.

La question de l’échéancier doit aussi accepter le même besoin d’équilibre : on ne peut pas suivre deux formations, modifier deux de nos trois modules dans notre cours et apprendre la base de la langue autochtone du territoire non cédé où nous habitons dans une seule et même session! Encore une fois, malgré toute la bonne volonté du monde, il est mieux de faire des actions constantes mais équilibrées en regard de notre emploi du temps.

Voici un tableau qui vous servira à noter vos idées et réalisations.

Élément de contenu ou pratiques actuelles

Changement souhaité

Moyens concrets pour atteindre ce changement

Échéancier

N’hésitez pas à utiliser les ressources de votre université pour placer de nouveaux objectifs dans votre parcours pédagogique.

À l’UQAT (et dans le réseau UQ), il y a plusieurs éléments à découvrir :

Voici une courte liste d’exemples de projets de décolonisation dans l’enseignement supérieur :

UQAT

UQAM

https://www.ledevoir.com/opinion/idees/747591/l-ete-c-est-fait-pour-penser-la-decolonisation-un-enseignant-a-la-fois-a-l-ecole-d-ete-witamawi

 CONCORDIA

https://www.concordia.ca/fr/actualites/nouvelles/2023/09/08/concordia-lance-un-plan-pour-decoloniser-et-autochtoniser-ses-programmes-d-etudes-et-sa-pedagogie.html

 Université de Sherbrooke

https://www.usherbrooke.ca/mediation-interculturelle/ecole-ete-en-mediation-interculturelle

 3. J’évalue si j’ai atteint mes objectifs

Je réfléchis : ai-je intégré ou inclus?

Je me questionne :

  • Ai-je réussi à bien introduire le contenu relatif aux enjeux et savoirs autochtones dans mon cours?

  • De manière superficielle ou de manière concluante?

  • Suis-je parvenu à valoriser des approches pédagogiques culturellement pertinentes ?

  • Ai-je rencontré des obstacles ? Lesquels ?

  • Quels moyens ai-je mis en œuvre pour les surmonter ?

  • Dans une perspective d’amélioration continue, comment m’y prendrais-je dorénavant pour poursuivre le travail de mise en valeur des perspectives autochtones ?

  • Quelle est la prochaine étape pour continuer la démarche ?

 Pour comparer avec ce qui se fait ailleurs et, ainsi, évaluer son travail, on peut consulter le rapport L’action des universités québécoises pour, par et avec les Premiers Peuples.

Finalement, je redémarre le processus de réflexion.

Références utilisées dans cette page :

Bourgeois, F. (2010). « Définir la Réussite éducative ? », Cahiers de l’action, 2010/1 (N° 27), p. 57-72. DOI : 10.3917/cact.027.0057. URL : https://www.cairn.info/revue-cahiers-de-l-action-2010-1-page-57.html

Camillo, C. et S. McGahey-Albert. (2023). « La sécurisation culturelle ». https://definingmomentscanada.ca/fr/bryse100ans/ressources-pedagogiques/serie-la-resistance-et-resilience/securisation-culturelle     

Collèges et instituts Canada. (2014). Le Protocole sur l’éducation des Autochtones, élaboré par l'organisme Collèges et instituts Canada (CICan). https://www.oresquebec.ca/articles-de-veille/etudiants-autochtones-protocole-pour-les-colleges-et-instituts/

Lachapelle, M.  (2019). La décolonisation: un projet d’éducation sociétal et d’enrichissement mutuel. [PDF] https://mobile.eduq.info/xmlui/bitstream/handle/11515/38019/lachapelle-32-3-19.pdf?sequence=2&isAllowed=y

Prud’Homme, L., Vienneau, R. , Ramel, S. et Rousseau, N. (2011). « La légitimité de la diversité en éducation : réflexion sur l’inclusion », Éducation et francophonie, vol. 39, no 2.

Réseau de L’UQ :  L’action des universités québécoises pour, par et avec les Premiers Peuples

https://ptc.uquebec.ca/portailsae/articles/2021-02-17/laction-des-universites-quebecoises-pour-par-et-avec-les-premiers-peuples

Sagal, N. (2022). La résistance au changement.

https://creg.ac-versailles.fr/accompagner-le-changement-de-pratique

Schnapper, D. (2007). Qu’est-ce que l’intégration, Paris, Gallimard.

Université Concordia. (2020).  Le plan d’action sur les directions autochtones. [PDF] https://www.concordia.ca/content/dam/concordia/offices/idlc/docs/plan-action-sur-les-directions-autochtones-2021.pdf

Sélection documentaire

Pour aller plus loin… Bien que chacune des sous-sections précédentes contient nombre de références, la sélection documentaire proposée s’ajoute et vient consolider les aspects abordés précédemment. Cette sélection se veut évolutive.

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